PRATIQUER LE KAMISHIBAÏ - ARTICLE N° 1
01/01/2017 (Date réelle de publication)

Photo© 1946 Photo de presse Harold Lindner / Art postal.com (1).
Cliquer sur le nombre bleu pour approfondir.
● Mise à jour : 22 mai 2020
● Mise à jour : 26 avril 2021 ► ICI
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par JEAN-CLAUDE POMMIER*
*Artiste de talent de la compagnie POKKOWA-PA, pionnier du kamishibaï en France, formateur de renom. Ce dernier a bien voulu accepter de publier dans KP l'un de ses textes utilisés lors de conférences qu'il donne auprès de nombreuses structures liées aux métiers de l'enfance.
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PREMIÈRE PARTIE
A partir de la fin des années 20, période intense dans le développement du Kamishibaî, de nombreux conteurs Kamishibaïya sillonnaient le Japon, s’installant sur les places publiques, chargeant des enfants de parcourir les rues du quartier en utilisant les Hyoshigi, bâtons en bois qu’on frappe l’un frappe l’un contre l’autre en rythme, et en criant la formule « Kamishibaï, kamishibaï ! ». Les Kamishibaïya gagnaient leur vie en vendant des confiseries telles que les sucettes à l’eau « Mizuamé » et proposaient des histoires à épisodes, afin de fidéliser le public. Cette activité engendra un véritable marché au point que des prêteurs sur gage faisaient fabriquer des Kamishibaï de plus ou moins dix images chacun, à des écrivains et dessinateurs, et les louaient aux Kamishibaïya.
C’est l’arrivée du cinéma parlant qui accentua l’intérêt pour le kamishibaï. En effet pour le cinéma muet dans les salles obscures, on utilisait un récitant, placé devant l’écran qui commentait les images avec passion. Ces narrateurs des films muets « Benshi » se retrouvèrent au chômage, avec l’arrivée du cinéma parlant et beaucoup se convertirent alors au kamishibaï. La grande crise économique avait vu fleurir de nombreux métiers des rues et ce théâtre du pauvre, était bien adapté à des conditions techniques minimalistes.
Pendant la période de poussée nationaliste et la guerre, le kamishibaï fut utilisé comme support de propagande et de distraction, jusque dans les abris antiaériens.
C’est à cette époque que se développèrent les premiers kamishibaï imprimés, au contenu pédagogique et éducatif. Parut ainsi une histoire du Christianisme en 12 épisodes, l’histoire du Bouddhisme dues à Takahashi Gozan, des cours d’éducation civique ou différents supports éducatifs pour les écoles maternelles.
DIAPORAMA
Anciennes photos sur le kamishibaï au Japon
http://kamishibai.canalblog.com/albums/anciennes_photos_de_kamishibai_au_japon/index.html
DEUXIÈME PARTIE
Après la seconde guerre mondiale, les partis de gauche qui réapparurent, et en particulier le parti communiste, utilisèrent cet outil pour répandre leurs idées et remettre en cause l’occupation américaine. La police militaire fit d’ailleurs interdire certains programmes trop engagés à leur goût.
A partir du milieu des années 50, arriva la télévision et on appela un temps le téléviseur « denki kamishibaï » (kamishibaï électrique). C’est alors le début de la fin pour le kamishibaï qui devient le symbole de pauvreté.
Le dynamisme de l’économie japonaise et l’organisation des jeux olympiques de Tokyo (en 1964), vitrine du nouveau Japon tourné vers la modernité, accélérèrent la disparition souvent forcée de nombreux petits métiers des rues et eurent finalement raison de ce formidable outil de divertissement « populaire ».
Les illustrateurs de cette génération durent alors songer à leur reconvertion en raison de la disparition du kamishibaï et ils se tournèrent naturellement vers le « manga ».
Parmi les plus connus des « Mangaka » qui firent cette transition on peut citer :
- Shirato Sampeï auteur de la série « Kanuiden » au contenu politique engagé, réaliste et dramatique appartenant au style « Gekiga »( image dramatique ).
- Mizumi Shigeru auteur de la série « Gegege no Kitaro» manga d’horreur du genre « Yokaï »
- Kojima Goseki créateur de « Kozuré Okami », le « loup solitaire et le landau » qui fut adapté au cinéma.
Aujourd’hui au Japon, le kamishibaï est toujours très présent, dans les familles, on peut acheter des kamishibaï de petit format dans les librairies pour raconter à la maison, mais il est essentiellement utilisé dans les écoles et les bibliothèques.
En France, les tenants de la méthode Freinet utilisent ce support d’expression particulièrement bien adapté à la formation au langage, mêlant écrit et illustration. Il connaît aussi un engouement depuis quelques années dans les bibliothèques, comme support bien adapté pour raconter des histoires aux enfants.
* JANCLOD ou Compagnie POKKOWA-PA
(1) Photo de presse Harold Lindner de 1946. Tateyama (Après-Guerre). Une séance de kamishibai par un conteur de rue. Photo présente sur le site Art postal.com qui met à disposition une exposition sur le thème : http://www.artpostal.com/Location_exposition_Le_kamishibai.aspx
POUR ALLER PLUS LOIN
*SITE DE LA COMPAGNIE POKKOWA-PA
https://pokkowa-pa.pagesperso-orange.fr/
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●Évocation des premiers conteurs
Proposition offerte par une maison allemande de matériel et d'accessoires pour kamishibaï, sur son site. Il s'agit d'une animation filmée, en 4 planches, dans un butaï . Le traducteur de Google permet d' obtenir le texte en français sous-titré.
1. Se rendre sur le site,
2. Activer la traduction.
3. Cliquer à droite sur la première vignette en noir et blanc de "Démonstrations" (ou en allemand "Vorführungen") :
●Vidéo pour comprendre...
proposée par l'association DULALA*. Michèle Valentines de la Petite Bibliothèque Ronde** raconte l'histoire du kamishibaï :
https://www.facebook.com/dunelanguealautre/videos/784710018644370/
* Dans ce blog, bas de page (5) ICI
** Dans ce blog, bas de page (1) ICI
Autres pistes
Marie-Charlotte Delmas, auteure, scénariste, historienne des croyances et superstitions populaires et éminente spécialiste du kamishibaï, apporte sur son site (à recommander) d'autres précisions concernant les origines de l'outil et consacre un intéressant paragraphe sur "Les promoteurs du kamishibaï éducatif".
http://www.mc-delmas.com/?page_id=124
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Dans son ouvrage LA BOÎTE MAGIQUE*, réédité en 2014 par les éditions Callicéphale, Edith Montelle, autre spécialiste, fait l'historique du kamishibaï en amenant d'autres précisions encore
● Lien internet, dans ce blog, en bas de page : ICI
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Dans La médiathèque de Soultz (Haut-Rhin) apporte des précisions sur les gaïtos (conteurs) et le hyoshigi (instrument rituel utilisé).
● Adresse internet :
http://mediathequesoultz.over-blog.com/article-23468472.html
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La médiathèque départementale du Var a publié sur internet "Une histoire du Kamishibaï " avec quelques précisions supplémentaires. (Cette publication est accessible en tapant, précédé de la mention pdf, le titre en italiques et les références de la médiathèque.)
DISPONIBILITÉ DES LIENS INTERNET
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